Régal des pupilles et des papilles

08/12/2015 11:13

Régal des pupilles et des papilles

 

« Gâteau emblématique du printemps » et « grand classique de la pâtisserie ».? - Photo Patrick andré

« Gâteau emblématique du printemps » et « grand classique de la pâtisserie ».? - Photo Patrick andré

Pour prolonger par l’image et le texte le travail de haute précision qu’exige la pâtisserie, Patrick Munch s’est entouré des talents reconnus du sculpteur Thierry Courtadon et du photographe Patrick André.

Le pâtissier Patrick Munch, le sculpteur Thierry Courtadon et le photographe Patrick André ont marié leurs talents pour publier Fusions gourmandes (Éditions Artémis, octobre 2015). Un travail d'artistes enracinés en Auvergne.
Tous trois portent loin l'image de cette région authentique à la discrétion légendaire, dont ils sont les ambassadeurs reconnus.
Le maître-pâtissier Patrick Munch, né à Allanche, dans le Cantal, s'est imprégné enfant des effluves sucrées de la pâtisserie familiale. Le jeune apprenti de la prestigieuse maison Trianon, à Clermont-Ferrand, a ensuite volé de ses propres ailes en s'installant à Issoire. Professeur à son tour, lauréat de plusieurs concours nationaux, récompensé en 1993 du titre de Pâtissier de l'année, il est devenu un consultant de haute tenue.

Secret d'atelier

Dans le secret de son atelier de la chaîne des Puys, Thierry Courtadon a fait naître une manière à lui de transformer en 'uvre d'art la pierre de Volvic arrachée au volcanisme. « Peindre, disait Cézanne, c'est renouer avec les mains errantes de la nature ». Le propos convient tout spécialement à Thierry Courtadon, ancien élève des Beaux-Arts à Lyon, engagé depuis des années sur le chemin de la notoriété. Le logo du Bibendum Michelin, sur le site des Carmes, à Clermont-Ferrand, lui a ouvert les portes de la reconnaissance internationale. Sa toute récente exposition au c'ur de Paris, dans les allées automnales du jardin du Palais Royal, a révélé à la foule des promeneurs et aux regards les plus autorisés le savoir-faire tellurique et le génie créatif de ce scupteur-poète.
Comme tant d'autres Auvergnats depuis des générations et des générations, le photographe clermontois Patrick André est « monté » à Paris. Puis, diplômé d'une grande école de la capitale, il est revenu au bercail. Travaillant exclusivement pour des professionnels (éditeurs, insdustriels, commerçants, voyagistes, publicistes), il a fait son miel de la photo d'artistes des fourneaux et grands maîtres du sucré tels que Régis Marcon (Saint-Bonnet-le-Froid), Pierre-Yves Lorgeoux (Vichy) ou Laurent Jury (Royat). Au Festival du livre gourmand de Périgueux, il a remporté en 2000 le prix du meilleur livre de chef de l'année.
Se situant à la confluence de trajectoires aussi aimantées de perfectionnisme, le beau livre Fusions gourmandes ne pouvait être qu'une réussite éditoriale. L'ouvrage est bâti sur les correspondances entre les fruits de saison, déclinés mois après mois, et les recettes les plus originales soufflées par l'inspiration et le métier à l'imagination du chef pâtissier. L'harmonie entre le texte et l'image se trouve enrichie par le contraste entre le gris de la pierre de Volvic sculptée – qui leur sert d'arrière-plan – et la féérie colorée des photos de desserts.

Il ne reste plus qu'à visiter ce savant assemblage de formes et de couleurs. En commençant la lecture-dégustation, selon les goûts, par le marron (décembre), la cerise (mai) ou la figue (octobre).

Pratique. Fusions gourmandes (Éditions Artémis, Chamalières, 2015, 160 pages, 29,90€).

Serge Bourlet